vendredi 4 mai 2012

Critique du spectacle de théâtre « Ayiti » : Tristesses, émotions, douleurs, et espoirs

L’haïtien Daniel Marcelin emporte les spectateurs de l’institut français de Cotonou dans une glèbe de « Tristesses, émotions, douleurs, et espoirs », à travers la représentation théâtrale «Ayiti» qu’il a exhibée le 01 er Avril 2012, en marge des festivités de la 11ème édition du Fitheb.

Sur un plateau noir, pendrillonné à l’italienne où sont posées une série de valise qui cachent un petit podium, Daniel Marcelin plonge les uns et les autres dans son spectacle de « One men show ». Très physique et formé au mime, l’acteur Daniel Marcelin commence par retracer l’histoire d’ haïti dans une certaine crispation. Il exprime sa tristesse, sa désolation et son amertume face au séisme survenu à Haïti le 12 Janvier 2010. Alors qu’il était en Belgique deux jours avant ce fameux tremblement de terre, Daniel Marcelin captive le regarde des spectateurs sur son angoisse d’entendre la mort de sa petite famille et ses proches. Avec une énergie débordante, Daniel Marcelin expose ses lamentations de faire quelque chose pour sauver Haïti de ses décombres alors qu’il ne pouvait rien. Heureusement que le téléphone de sa chère épouse sonna. La nouvelle portée est que tout le monde se porte à merveille sauf que ce pays appelé jadis « L’île Hispaniola » par Christophe Colombe en 1492 est en état de ruine. Cette information a permis à l’acteur Daniel Marcelin d’adoucir sa tristesse dans la mesure où sa petite est saine et sauve.
Parlant des émotions, le « One men show » a rappelé des moments glorieux  où d’Haïti  produit 80% du sucre dans le monde. Avec une main d’œuvre de 30 mille blancs et 50mille d’esclaves, Haïti était parvenu à se hisser au palmarès des échanges commerciaux avec une participation d’un tiers du commerce mondial de la France. Daniel Marcelin a fait rêver les spectateurs sur les beautés et richesses méconnues de son île Bienvenue en Haïti, la violence au paradis, la douceur antillaise au goût amer, voisine de la paradisiaque Saint Domingue pour touristes « all inclusive ».
La facette de douleurs de l’acteur Daniel Marcelin apparait sur scène quand il a abordé l’Haïti à l’ère des indépendances. Il s’agit de la  période chaude de grandes tumultueuses à savoir des coups d’Etat, les pillages des biens publics, la soif du pouvoir à vie avec une dictature amère.  Au rythme des dictatures, ponctué de quelques périodes plus fastes, Daniel Marcelin, celui qu’on surnomme à raison le Fernandel Noir, a raconté de l’intérieur, et avec une bonne dose d’autodérision la soupape humoristique plus que nécessaire dans ce contexte. Daniel Marcelin a pris le soin de bien creuser le passé politique d’Haïti en situant les bouleversements enregistrés depuis  pères fondateurs du pays. Le public a retrouvé des sourires quand il a parlé du règne des Duvalier au Castro en passant par d’Aristide.
L’espoir que ce pays réside dans la culture. Dans cette perspective, l’acteur Daniel Marcelin a dit  que  « L’art est tant une bouffée d’oxygène, qu’un lieu de point de vue, de rassemblement,…pour un peuple opprimé, le dernier bastion pour dire qu’il existe et est encore debout ».
Rédigé par Philippe Laurent et Daniel Marcelin, le spectacle « Ayiti » est une coproduction de la charge du Rhinocéros, de l’espace Magh avec l’aide de Wallonie Bruxelles international. Durant 1heure 25 minutes sans entracte, Daniel Marcelin a mis en scène un spectacle beau et riche  sous l’éclairage et la sonorité respectif de Xavier Lauwers et de Marc Doutrepont.
Par Rodéric Dèdègnonhou, Journaliste à l’Agence Bénin Presse

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