mardi 27 octobre 2015

Résidence de création au Complexe culturel ‘’Le Centre-Bénin ‘’ de Lobozounkpa : Pencréac’h- Clarke et Yaovi, un trio à la croisée des chemins

(Une exposition à priori-réussie le 30 Octobre prochain)

Si  le peintre- sculpteur  français, Stéphane Pencréac’h, et  Bruce Clarke, plasticien- photographe d’origine  Sud-Africaine, incarnent  respectivement la nef d’une église et le chœur,  la plasticienne  Franco-béninoise, Christelle Yaovi est inéluctablement le transept, dans cette résidence de création au Complexe culturel ‘’Le Centre-Bénin’’  de Lobozounkpa. Cette image hallucinatoire, imprimée par ce trio, est à la jonction de leur parcours, au regard  des différentes créations, qu’ils ont entrepris  depuis trois  (03) semaines environ. Puisque le choix  d’impacter simultanément  ce centre, des fresques liées à la personne humaine, a été considérablement  décryptée lors d’une conférence de presse. C’était en début de la semaine écoulée sous la houlette de M. Dominique Zinkpè, directeur de complexe culturel.

Chaque élément du trio est indispensable dans cette aventure. Le français, Stéphane Pencréac’h, le Sud-Africain, Bruce Clarke, et la franco-béninoise, Christelle Yaovi composent l’architecture d’une église par la mensuration  de leurs créations respectives. La technique de peinture murale développée par chaque artiste intervenant dans cette résidence de création, montre combien de fois le trio est en parfaite symbiose avec leur environnement immédiat.  A l’entrée du parking principal du ‘’Centre-Bénin’’, Stéphane Pencréac’h a investi le mur de la clôture (Côté Droit) d’une grande fresque symbolique sur l’esclavage.      
Fresque de Pencréac’h 

Loin de donner aucune leçon de morale et aucun mauvais esprit,  à travers cette peinture d’histoire, Stéphane Pencréac’h  travaille sur ce sujet de manière assez monumentale par sa taille, et assez intimiste. Il confie : « L’objet de cette fresque est de s’emparer visuellement de l’espace, et ensuite  de s’emparer de l’esprit. C’est-à-dire, de voir un peu, comment c’est construit, quelle est la lecture possible de cette mémoire-là de l’esclavage. C’est une grande fresque, qui joue avec les jeux de perspectives, issues de la renaissance. Pour être  un peu dans une métaphore un peu très simple, c’était aussi l’idée de mettre en perspective cette histoire-là, avec le fait que ça soit moi , un occidental  blanc, français , qui vient et qui essaye de s’emparer de ce sujet, sachant que l’esclavage, c’est 40 millions de personnes déportées.  C’est un sujet, qu’on commence à enseigner véritablement  dans les écoles occidentales depuis une dizaine d’années. C’est quelque chose qui est très fort, et  pour lequel, par exemple, en France, il y a énormément de débats ».  Unissant des matériaux tels que : Peinture à l’eau et pinceaux, Stéphane Pencréac’h emporte peu à peu tout visiteur dans un univers impressionnant où ce commerce triangulaire est revisité.  Quant à la Franco-béninoise, Christelle Yaovi marque aussi sa présence active dans cette aventure, surtout qu’elle a exprimé sa fierté,  d’être la première femme  participante à une résidence de création dans ce complexe culturel. Installée à l’opposé de Stéphane Pencréac’h, plus précisément le mur de la bibliothèque (Côté gauche du Parking), elle  développe également  la technique de peinture murale.

Fresque de Christelle Yaovi
Christelle Yaovi s’expose, se donne à lire, elle souligne tour à tour l’évidence et le semblant. Convaincue d’être une résilience à travers son histoire négrière, elle ne lui reste que l’espoir, l’art de donner de la lumière à l’environnement  dans lequel, elle évolue.  L’œuvre ‘’Body Trip’’ ou encore ‘’Le voyage revenant du corps’’ est en réalité la technique de peinture murale qu’elle pense faire découvrir aux visiteurs dudit complexe. Cette œuvre se conjugue  avec une écriture singulière, deux personnages féminins et des textes personnels. Un peu plus loin, en se dirigeant vers l’espace scénique, on découvre une autre fresque, qui ne laisse personne indifférente . Et ceci, par  son  personnage assez gigantesque peaufiné avec du faux-collage et peinture à l’eau.

Fresque de Bruce Clarke
Réalisée  sur le mur du premier atelier de création, elle est le fruit de Bruce Clarke. Intitulée ‘’ Réalités lisses ? ‘’, il s’agit d’une image un peu plus optimiste, un personnage qui s’envole, toujours avec un petit côté un peu ambigu, selon les propos de Bruce Clarke. Il faut dire que, ‘’ Réalités  lisses ?’’  est  juste  la partie visible de l'iceberg du gros projet « Les fantômes de la mer » entamé par Bruce Clarke. A travers ‘’ Réalités  lisses ?’’, l’artiste évoque les faits empiriques du monde contemporain avec un petit détour sur les histoires  qu’on raconte. A en croire, Bruce Clarke,  C’est en fait, une manière de considérer que tout  est lisse sans problèmes même si on vit dans un  monde  très complexe.
                                                          Une exposition à priori-réussie ! 
Au regard de la densité des œuvres en création au Complexe culturel ‘’Le Centre-Bénin’’  de Lobozounkpa, le risque peut-être désormais pris, sans ambages, pour confirmer une exposition à priori- réussie. Le trio en résidence de création, au-delà des fresques, s’attèlent au niveau de leurs ateliers respectifs pour laisser pantois tous les invités face à leurs œuvres lors de la  soirée du vernissage de l’exposition le 30 octobre prochain.  Pour un avant-goût, Bruce Clarke aborde un travail assez original sur des tableaux châssis. Il s’agit pour lui, de planter le décor du gros projet, « Les fantômes de la mer ». Ces tableaux  évoquent les disparus de la mer, ceux qui essayent de traverser la mer, pour un meilleur avenir en Europe. Pour ce militant engagé, il  questionne sur la gravité de cette crise et pense qu’il faut désormais démystifier  et démonter cette barrière un peu  abominable.  Christelle Yaovi s’inscrit dans une continuation du travail qu’elle a commencé. « Je suis à une étape d’acceptation totale de mon héritage, que j’ai  voulu mettre en tableau à travers cette rencontre », a-t-elle placé. Le français, Stéphane Pencréac’h fait  un travail de peinture en suivant une idée banale, qu’il avait très longtemps.  Il a acheté des pagnes ou tissus imprimés qu’il a toujours trouvé très bel évidemment, et de s’en servir comme une toile pour peintre, en utilisant les motifs qu’il avait choisi mais qui sont tous différents.  S’inscrivant  toujours dans  sa quête de s’intéresser à l’humanité, il utilise ce médium pour la première fois.


Par Rodéric DEDEGNONHOU, Journaliste à l’Agence Bénin Presse (ABP) 

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