dimanche 20 novembre 2011

Entretien avec Djibril Ibila: Le mécanisme de développement propre (MDP) et c’est ce mécanisme qui intéresse les pays en développement comme le Bénin

 


Du 07 au 18 décembre prochain, Copenhague, la capitale danoise va abriter les travaux de la 15ème Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Cette rencontre qui mobilisera toute la communauté internationale réfléchira sur les mesures d’atténuation et d'adaptation aux effets néfastes des changements climatiques. Le Bénin y sera représenté et exprimera ses positions sur les différentes questions en négociation.

Monsieur Ibila DJIBRIL du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature fait ici le point sur l’agenda de cette assise et sur quelques positions que le Bénin se prépare à défendre au cours des travaux de cette conférence.

Interview.

Nokoué « Bonjour Monsieur Ibila DJIBRILl… »

Ibila Djibril « Bonjour Monsieur le journaliste du quotidien Nokoué … »

Présentez- vous à nos lecteurs

«On m’appelle Ibila DJIBRIL. Je suis le Point Focal national du Bénin sur les changements climatiques et aussi le Directeur de la Prévention des Pollutions et de la Gestion des Risques Environnementaux (DPPGRE) au Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature».

Les pays du monde entier se mobilisent pour participer à la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique du 07 au 18 décembre prochain. Pouvez-vous nous préciser quelques points du contenu de cette assise ?

« C'est vrai que la communauté internationale va se réunir du 07 au 18 décembre prochain à Copenhague donc au Danemark pour faire le point de la mise en œuvre de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques et également pour définir un nouveau régime de climat post 2012. Ce nouveau régime se justifie par le fait que le protocole de Kyoto, qui est entré en vigueur le 16 février 2005 va prendre fin en principe en 2012. C’est-à-dire que ses dispositions sont valables de 2008 à 2012. Pour éviter  un vide juridique entre la première période d’engagement et la seconde, il faut trouver un autre protocole qui va régir le climat à partir du 1er janvier 2013. C’est l’un des points clés de ces discussions qui auront lieu à Copenhague pendant la conférence des parties. L’autre volet concerne la mise en œuvre effective et intégrale de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques telle que préconisée par le Plan d'Action de Bali adoptée en Indonésie en décembre 2007. Ce plan comporte cinq (05) points essentiels. Il s’agit de :

  1. la vision partagée ;
  2. l’action renforcée pour atténuation des changements climatiques ;
  3. l’action renforcée pour l’adaptation ;
  4. l’action renforcée pour la mise au point et le transfert de technologies et pour le renforcement des capacités ;
  5. l’action renforcée dans l’apport de ressources financières et d’investissement.

Voilà l’ensemble des points autour desquels s’articuleront les débats de cette conférence internationale. Il convient de dire et de préciser qu’en ce qui concerne le Protocole de Kyoto, les discussions ont  commencé depuis 2006 à Bonn suite à une décision prise à Montréal en 2005. Il a été mis en place un groupe spécial de travail, dénommé   groupe spécial de travail sur l’amendement du protocole de Kyoto,  qui devra en principe déposer ses conclusions au cours de la conférence de Copenhague. Ce sont ces conclusions qui feront l’objet d’échanges et de discussions entre les différentes parties afin d’arrêter ce qui peut figurer dans le nouveau régime du climat post 2012.

De façon synthétique, lors de la première  période d’engagement du Protocole de Kyoto, les pays développés qu’on appelle, les pays de l’annexe B du protocole de Kyoto, devraient réduire les gaz à effet de serre de l’ordre de 5,2 % par rapport au niveau d’émission de l’année 1990. Mais après la sortie du quatrième rapport du Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC), il a été demandé que si l’on  ne veut pas subir un changement climatique plus catastrophique que les pays développés réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 25 et 40% d’ici 2020. Ceci signale de façon claire l’effort qui doit d’être consentis par les pays développés  en particulier et les pays en développement pour atteindre cet objectif de  réduction d’au moins 40% d’émission des GES. Depuis que les négociations ont commencé, les pays de l’annexe B, qui ont l’obligation de réductions chiffrées de leurs émissions, n’ont même pas atteint 25% dans leurs propositions. A titre illustratif, le Canada ne se propose que de réduire de 20% ses émissions de GES en tenant compte de l’année 2006. L’Australie dit qu’il peut faire entre 15 à 20% de réductions d’émission des GES à partir de l’année 2000. Or l’année de référence est bien 1990. L’Union Européenne qui regroupe  27 pays s’est engagée de réduire de 20% ses émissions des GES par rapport à l’année 1990 et de 30% si les autres pays développés en font autant. Seule la Norvège, a  dans une déclaration solennelle faite à Bangkok, s'est engagée à réduire de 40% ses émissions de GES. Elle est le seul pays développé qui ait  promis d’atteindre le maximum recommandé par le GIEC. Le Japon, quant à lui, s’engage à  réduire  de 25% ses émissions  des GES. Et comme les Etats-Unis ne sont pas  Partie au Protocole de Kyoto, ils ne sont pas concernés directement par les décisions issues dudit protocole. Mais au niveau de la convention cadre qu’ils ont ratifiée, il y a un volet qui, dans le Plan d’Action de Bali, demande aux pays développés de prendre des engagements chiffrés. Les Etats-Unis, à Bonn  en septembre 2009, ont indiqué qu’ils pouvaient réduire jusqu’à 17% les émissions des GES en prenant l'année 2005 comme année de référence. Si des pays prennent les années récentes comme année référence; comme le cas de 2005 par exemple, cela veut dire qu’on aura 15 ans de réduction en marge des efforts qui doivent être faits. La plus part des pays ont accepté que l’année 1990 soit l’année de référence  ou de base sauf l’Australie, le Canada et les Etats-Unis d’Amérique.

Le groupe africain auquel appartient le Bénin propose que les émissions de gaz à effet de serre (GES) soient réduites de 40% d’ici 2020. Le groupe des Pays les Moins Avancés (PMA) propose au moins 45% de réduction d’ici 2020 par rapport à 1990. Lorsqu’on a fait le point à Barcelone du 02 au 06 novembre dernier, il a été remarqué qu’on a, au total, enregistré 17 à 23 % de promesses d’engagement de réduction   des émissions des GES de la part des pays développés. Cela prouve que même le plancher des 25% demandé par le  GIEC n’a pas été atteint. Or, le souhait des pays en développement est d’atteindre au moins les 40% d’ici 2020. Voilà, la question centrale des discussions en cours, dans la mesure où les pays développés pensent qu’ils ne peuvent pas faire au-delà de ce qu’ils ont promis et que les chiffres du GIEC sont hors de portée. Voilà en résumé les négociations qui se dérouleront au cours des travaux de la conférence de Copenhague».

Quelles sont les positions que le Bénin envisage explorer à la 15ème conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique ?

« La négociation mettra au tour de la table tous les continents, c’est-à-dire qu’on aura le groupe Européen, asiatique, américain et africain qui exprimera chacun sa position. Le continent noir se penchera sur la réalité africaine en ce qui concerne le réchauffement climatique. Le Bénin en tant que pays africain supporte les 40% de réduction d’émissions des GES par les pays développés. Egalement, lorsqu’on vient au niveau des Pays les moins avancés parmi lesquels figure le Bénin, la proposition des 45% de réduction d’émission des GES d’ici 2020 est fortement soutenue. Mais il ya lieu d’harmoniser les positions des pays en développement. L’objectif est qu’on arrive à avoir au moins 40%  de réduction des émissions et de   convenir d’un instrument juridique contraignant devant régir le régime du climat à partir de 2013. Il faut aussi signaler qu’au niveau du protocole de Kyoto,  c’est l’article 12 qui a institué  le mécanisme de développement propre (MDP) et c’est ce mécanisme qui  intéresse les pays en développement comme le Bénin. Ce mécanisme permet aux pays en développement de développer des projets propres sur financement des pays développés. Mais ces projets doivent contribuer à la réduction des gaz à effet de serre. Par exemple, s’il y a un accord entre le Bénin et l’Allemagne pour faire le projet MDP au Bénin, l’Allemagne investit pour sa mise en place. On comptabilisera  les réductions  des émissions générées par ce projet  sur le compte de l’Allemagne. Ainsi si le projet  a permis de réduire 10 mille tonnes  du CO2, cette réduction sera mise à l’actif de l’Allemagne. Le MDP est un projet très complexe et onéreux pour sa réalisation en Afrique. Nos potentielles ne sont pas  élevées pour l’exécuter. C’est pourquoi le Bénin milite pour l’actualisation de ce mécanisme ; qu’on réduise respectivement la complexité des règles, le coût et les délais d’élaboration de ce mécanisme de flexibilité. Donc le Bénin se positionne pour l’allègement des procédures du MDP afin que tous les pays en développement puissent profiter des opportunités qu’offre ce mécanisme tels que le transfert de technologie vers les pays en développement, les investissements directs et la création d’emplois. Le Bénin se mobilise avec la communauté internationale afin que la liste positive sur les projets du MDP soit adoptée. On y trouve notamment les projets portant sur les barrages hydrauliques, l’énergie solaire, l’énergie éolienne, les énergies renouvelables, en somme. L’autre aspect que le Bénin supporte est de faire en sorte que les pays en développement puissent bénéficier des renforcements de capacité, d’avoir une expertise nationale  dans le domaine du MDP qui est quasi inexistante pour le moment. Le préalable pour le développement des projets du MDP au Bénin est d’asseoir un noyau d’experts capable d’appuyer les porteurs de projets MDP».

Sur chacun de ces points, le Bénin négociera ensemble avec les autres pays en développement, notamment africains, afin de les faire accepter par l’ensemble des négociateurs sur le climat présents à Copenhague.

Propos recueillis par Rodéric DEDEGNONHOu

 

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