En marge des festivités marquant l’exposition ‘’ Art du Benin d’hier et d’aujourd’huiDe la restitution à la révélation’’, plusieurs projets artistiques et culturels sont initiés hors-les-murs du Palais Présidentiel du Bénin. Au nombre de ceux-ci, figure en bonne place, l’exposition collective ‘’ Emblèmes’’ au Centre ‘’Lieu-Unik’’ d’Abomey.
Quelle est la philosophie sous-tend cette
nouvelle exposition que vous initiez et qui est intitulée ’’Emblèmes’’ ?
Dominique Zinkpè : Cette
exposition tente de répondre au retour de nos biens culturels du Bénin, c’est
-à-dire que nous sommes heureux que le gouvernement béninois ait récupéré
vingt-six des œuvres de nos aïeux et, en
ce moment, il est prévu, plutôt, une bonne fête, une exposition des œuvres
anciennes, en confrontation avec les œuvres des artistes contemporains et, tout
ceci se passera au palais de la présidence de la République du Bénin.
Je
pense que l’idée nous a motivés, au Centre, le ’’Lieu-Unik’’ d’Abomey, à ne pas
être indifférents à cet événement inédit et, d’ailleurs, on sait très bien qu’Abomey,
c’est la cité historique du Bénin. Nous ne pouvions pas y rester indifférents
puisque les activités que nous menons habituellement tournent aussi autour de
l’art contemporain, en priorité.
Alors
un groupe d’artistes et moi-même, nous avons décidé de réaliser des œuvres pour
honorer nos rois qui ont travaillé auparavant et qui nous donnent encore la
chance de récupérer leurs vestiges.
Donc,
l’idée a son sens parce que, pour nos 12 rois connus, 12 artistes contemporains
se sont prêtés à ce jeu de travailler spécialement en observant les emblèmes de
chaque roi du Danxomè pour essayer de les traduire par rapport à leur écriture
plastique à travers la peinture, la sculpture et le dessin, entre autres. Ce
que nous imaginons de partager avec le public d’ici et d’ailleurs.
Ce
qui est intéressant, dans ce projet, c’est qu’il est rare que les artistes
plasticiens se penchent sur leur patrimoine. Et, cette occasion du retour de
nos biens culturels nous réveille pour qu’on se dise : « C’est notre
puits de pétrole ». On peut bien continuer à l’exploiter mais, en bien, pour
essayer de le mettre en abyme afin de lui donner une nouvelle visibilité et
aussi de continuer à célébrer les artistes qui ont travaillé sur les emblèmes
des rois, auparavant.
Notre
rôle est de réussir à le dire parce que ces artistes l’ont fait, il y a de cela
trois cents ans, et, aujourd’hui, c’est comment nous voyons nos rois, comment nous
imaginons l’essence de l’organisation d’un royaume, comment ils ont officié,
avec leurs ministres, en ce temps, comment ils arrivaient à acquérir des terres,
etc. C’est leur lutte qui fait que nous avons des villes comme Abomey, Kétou, Porto
Novo, …
Cette exposition nous ramène à la raison, nous permet de savoir que nous avons de la valeur autour de nous, et de nous interroger sur comment la traduire et partager cela avec la population, avec notre environnement immédiat.
Vous avez quelque peu abordé la
question mais pouvez-vous revenir sur les médiums empruntés par les artistes
participant à l’exposition ?
Chaque
artiste qui a accepté de participer au projet a développé ses techniques
habituelles. Nous avons, par exemple, Marcel Nangbé qui est en tête d’affiche ;
il a fait des œuvres murales, des sculptures. Carlos Sodokpa, lui, a exercé
dans la photographie. Michel Taïwo a développé ses techniques picturales. Edouard
et Elise Tokoudagba ont baigné dans cette tradition d’Abomey. Un artiste majeur
comme un ainé, Gratien Zossou, s’est aussi prêté au jeu.
C’est
cet ensemble qui fait l’exposition parce que ce ne sont pas des œuvres
individuelles. La manière dont cela est organisé, c’est la succession des rois
qui fait l’ensemble des emblèmes. Donc,
c’est la succession des œuvres, selon la scénographie qu’on va prêter, qui doit
faire une œuvre d’ensemble, qui englobe les 12 artistes.
Comment se fera la jonction entre
votre initiative d’exposition et celle qu’organise le gouvernement béninois à
la présidence de la République du Bénin ?
Notre
gouvernement, à travers le ministère de la Culture, est heureux de voir que les
acteurs culturels indépendants que nous sommes, disposant d’un espace, essayent
quand même de répondre et d’accompagner son énergie.
Evidemment,
ce sera un parcours, à mon avis, parce qu’après le palais présidentiel, la ville de Ouidah sera visitée avec un autre
projet, à Toho, sans oublier que Porto Novo sera au rendez-vous avec un projet
important de Rafiy Smith.
Même
l’ ’’Espace Tchif’’, à Cotonou, et, enfin, le ’’Lieu-Unik’’ d’Abomey donnent
rendez-vous au public. Et, cela, c’est une organisation d’ensemble avec le
ministère de la culture pour réussir à faire un parcours pour des visiteurs
pendant cette période festive autour des œuvres de nos aïeux et, aussi, pour
célébrer les artistes contemporains actifs.
Propos recueillis par Rodéric
Dèdègnonhou