Redynamiser le centre culturel « Unik lieu de création contemporaine » de la ville d’Abomey. Telle est l’une des visions de M. Dominique Zinkpè en ouvrant officiellement les portes de ce joyau dans la cité historique d’Abomey en juin dernier. Et pour rester coller à cette philosophie, le directeur dudit centre, M. Dominique Zinkpè a convié depuis cinq semaines le sculpteur français de renommée internationale, M. Lionel Ducos pour une résidence de création. Une descente au centre culturel « Unik lieu de création contemporaine » de la ville d’Abomey , le week-end dernier a permis d’échanger sur le travail colossal de cet artiste protéiforme. Interview.
Je m’appelle Lionel Ducos, je suis français. Je vis en France. Je travaille un peu partout dans le monde entier. Je suis ici aujourd’hui pour une période de cinq semaines au Bénin sur invitation d’un grand ami, un grand artiste aussi. Il s’appelle monsieur Dominique Zinkpè. C’est entre artiste que la rencontre s’est faite en premier lieu. C’est la raison pour laquelle sur cette invitation, j’ai demandé à monsieur Dominique Zinkpè ce qui lui semblait emblématique. Un personnage ou une sculpture parce que je suis sculpteur. J’ai demandé donc qu’est ce qui semblait emblématique au Bénin comme personnage fier et noble. Et immédiatement, la réponse a été, Lionel, il faut impérativement faire une amazone. Alors une amazone de l’époque, je veux parce que les amazones existent encore aujourd’hui. Elles constituent le décor d’armée béninoise. J’ai choisi avec grand plaisir ce personnage, qui fait deux-mètres vingt (2,20m) de hauteur en terre. Puisque ma spécialité de travailler est de pétrir la terre et l’argile. Donc, je ne travaille pas seul, je suis invité à faire participer cette action des jeunes béninois et des femmes béninoises potières également. Puisqu’au Bénin, il y a une grande tradition comme en Afrique en général, il y a une grande tradition de la poterie, qui est souvent culinaire. Moi, j’utilise en grossomodo la même technique sauf que je ne fais pas de pots pour faire la cuisine. Je fais de la sculpture sur le même principe ».
« L’amazone en question est terminée. Il nous aura fallu…….je dis nous, puisqu’on a été trois aventuriers dans cette affaire, la sculpture nous a donné cinq semaines complètes y compris les samedis et dimanches. Aujourd’hui, elle est achevée et on va passer très bientôt à une deuxième opération très délicate. C’est l’opération de la cuisson. Cette opération est faite de terre du Bénin et sera cuite au Bénin dans les toutes prochaines semaines. »
Est-ce que les matériaux sont suffisamment réunis pour faire ce travail ?
« Ah…….Oui……… ça !!!!C’est toujours intéressant. Parce qu’évidemment, les moyens ne sont absolument pas les mêmes choses dans le pays où j’ai l’habitude de travailler, qui est la France. Mais en tout cas la terre est en elle-même c’est exactement la même chose. On est sur la même terre, tous ensemble sur la même planète et l’argile reste l’argile où dans quelque pays qu’il soit. On a réussi sans difficulté à remplir cette première mission, à répondre à cette recherche. Puis, après évidemment on a des difficultés à construire ce four. Puisque, le four est gigantesque et là on va changer la technique utilisée jusqu’à présent par les femmes potières. Donc, on va changer la technique, je vais pouvoir à cette occasion apprendre de mon côté, comment au Bénin les femmes potières travaillent et moi, je vais leur apprendre avec grand plaisir moi de mon côté, comment je travaille. Cela veut dire que tout ça, c’est des échanges culturels ».
Dites –nous, ce qui vous inspire à sculpter cette amazone avec la terre malgré votre origine surtout que les traits qu’elle porte, retracent un pan de l’histoire béninoise ?
« Bien……….ce qui m’inspire à vrai dire, c’est tout simplement l’histoire. Je me suis beaucoup documenté. Parce qu’effectivement, on a la chance de bénéficier beaucoup d’informations sur ces fameuses femmes amazones. Ces femmes amazones ont quand même laissé des traces sur trois siècles. Donc, ce qui m’inspire, c’est essentiellement les recherches historiques, un certain nombre de livres et ouvrages relatifs aux femmes amazones écrits par des intellectuels et chercheurs béninois. On a également en France, un centre d’art dénommé : les peuples premiers. Donc, j’ai beaucoup de choses d’inspirations. Après le reste, ce personnage, c’est une invention d’artiste. Mais, je prétends qu’il n’y a pas d’erreurs historiques dans mon personnage. C'est-à-dire que tout ceux qui ont recouvert ce personnage, en occurrence les perles et les cauris ont un sens évidemment sans occulter de laisser des traces dans l’histoire.»
Oui, votre relation artistique avec Dominique Zinkpè.
«Alors………on s’est rencontré, il y a peu près une année en France lors d’une exposition. Lorsque Dominique Zinkpè a vu mon travail, (c’est d’ailleurs un peu réciproque), il est tombé en admiration. Il se trouve qu’on a une grande complicité parce que Dominique Zinkpè n’est pas seulement un artiste. On s’est que Dominique Zinkpè mène énormément d’activités dans la notion d’éducation et le partage du savoir. Il a développé un centre culturel d’art contemporain à Abomey et j’ai l’honneur d’être un des premiers invités et je trouve ça merveilleux d’être invité par un autre artiste. Puisqu’ensemble on se comprend très facilement au-delà même de l’artistique. On se comprend sur l’aspect humain et humaniste de nos engagements. Donc, c’est une très belle complicité, une très belle rencontre, qui maintenant va durer longtemps »
Propos recueillis par Rodéric Dèdègnonhou, Journaliste à l’Agence Bénin Presse (Source www.dedegnonhou.blospot.com)
Au-delà de cette résidence, dont la finalité est de sculpter l’amazone par Lionel Ducos, cette œuvre sera mise en vogue à la biennale Bénin édition 2012 au cours de la cérémonie inaugurale de l’exposition d’arts plastiques à l’Unik lieu de création contemporaine d’Abomey. Il s’agit concrètement de faire découvrir cette œuvre aux différents invités qui vont assister à cette cérémonie où le pacte culturel entre le Bénin et la France est au beau fixe.
Quelques notes sur l’exposition internationale la Biennale Bénin 2012
Le programme artistique de la Biennale Bénin 2012 « Inventer le monde : l’artiste citoyen» est inspiré par l’histoire, par les contextes béninois et africains et par les orientations de l’art et de ses enjeux actuels à l’échelle globale. L’exposition internationale rassemble un ensemble d’œuvres existantes et de nouvelles productions, dont certaines œuvres sont réalisées lors de résidences au Bénin. Le processus de sélection d’œuvres de la Délégation artistique se déploie pendant l’été, en dialogue depuis avril 2012 avec les artistes internationaux Adel Abdessemed, Edwige Aplogan, Aston, Ismaïl Bahri, Frédéric Bruly Bouabré, Gabriella Ciancimino, Nestor Da, Adrian Missika, Raqs Media Collective, Ebtisam Abdul Aziz, Tomas Colaço, Pélagie Gbaguidi, Dor Guez, Camille Henrot, Meschac Gaba, Dominique Zinkpè, Otobong Nkanga, Syl Pâris Kouton, Younès Rahmoun, Tchif, Jean-Paul Thibeau, Cyprien Toukoudagba, Vincent+Feria et d’autres..
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http://www.lionel-ducos-sculpteur.com/
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