(Une exposition à priori-réussie le 30
Octobre prochain)
Si le peintre- sculpteur français, Stéphane Pencréac’h, et Bruce Clarke, plasticien- photographe
d’origine Sud-Africaine, incarnent respectivement la nef d’une église et le
chœur, la plasticienne Franco-béninoise, Christelle Yaovi est
inéluctablement le transept, dans cette résidence de création au Complexe
culturel ‘’Le Centre-Bénin’’ de
Lobozounkpa. Cette image hallucinatoire, imprimée par ce trio, est à la
jonction de leur parcours, au regard des
différentes créations, qu’ils ont entrepris
depuis trois (03) semaines
environ. Puisque le choix d’impacter
simultanément ce centre, des fresques
liées à la personne humaine, a été considérablement décryptée lors d’une conférence de presse.
C’était en début de la semaine écoulée sous la houlette de M. Dominique Zinkpè,
directeur de complexe culturel.
Chaque
élément du trio est indispensable dans cette aventure. Le français, Stéphane
Pencréac’h, le Sud-Africain, Bruce Clarke, et la franco-béninoise, Christelle
Yaovi composent l’architecture d’une église par la mensuration de leurs créations respectives. La technique
de peinture murale développée par chaque artiste intervenant dans cette
résidence de création, montre combien de fois le trio est en parfaite symbiose
avec leur environnement immédiat. A
l’entrée du parking principal du ‘’Centre-Bénin’’, Stéphane Pencréac’h a
investi le mur de la clôture (Côté Droit) d’une grande fresque symbolique sur
l’esclavage.
Fresque de Pencréac’h |
Loin de
donner aucune leçon de morale et aucun mauvais esprit, à travers cette peinture d’histoire, Stéphane
Pencréac’h travaille sur ce sujet de
manière assez monumentale par sa taille, et assez intimiste. Il confie : «
L’objet de cette fresque est de s’emparer visuellement de l’espace, et
ensuite de s’emparer de l’esprit.
C’est-à-dire, de voir un peu, comment c’est construit, quelle est la lecture
possible de cette mémoire-là de l’esclavage. C’est une grande fresque, qui joue
avec les jeux de perspectives, issues de la renaissance. Pour être un peu dans une métaphore un peu très simple,
c’était aussi l’idée de mettre en perspective cette histoire-là, avec le fait
que ça soit moi , un occidental blanc,
français , qui vient et qui essaye de s’emparer de ce sujet, sachant que
l’esclavage, c’est 40 millions de personnes déportées. C’est un sujet, qu’on commence à enseigner
véritablement dans les écoles
occidentales depuis une dizaine d’années. C’est quelque chose qui est très
fort, et pour lequel, par exemple, en
France, il y a énormément de débats ». Unissant
des matériaux tels que : Peinture à l’eau et pinceaux, Stéphane Pencréac’h
emporte peu à peu tout visiteur dans un univers impressionnant où ce commerce
triangulaire est revisité. Quant à la
Franco-béninoise, Christelle Yaovi marque aussi sa présence active dans cette
aventure, surtout qu’elle a exprimé sa fierté,
d’être la première femme
participante à une résidence de création dans ce complexe culturel.
Installée à l’opposé de Stéphane Pencréac’h, plus précisément le mur de la
bibliothèque (Côté gauche du Parking), elle
développe également la technique
de peinture murale.
Fresque de Christelle Yaovi |
Christelle
Yaovi s’expose, se donne à lire, elle souligne tour à tour l’évidence et le
semblant. Convaincue d’être une résilience à travers son histoire négrière,
elle ne lui reste que l’espoir, l’art de donner de la lumière à
l’environnement dans lequel, elle
évolue. L’œuvre ‘’Body Trip’’ ou encore
‘’Le voyage revenant du corps’’ est en réalité la technique de peinture murale
qu’elle pense faire découvrir aux visiteurs dudit complexe. Cette œuvre se
conjugue avec une écriture singulière,
deux personnages féminins et des textes personnels. Un peu plus loin, en se
dirigeant vers l’espace scénique, on découvre une autre fresque, qui ne laisse
personne indifférente . Et ceci, par son personnage assez gigantesque peaufiné avec du
faux-collage et peinture à l’eau.
Fresque de Bruce Clarke |
Réalisée sur le mur du premier atelier de création,
elle est le fruit de Bruce Clarke. Intitulée ‘’ Réalités lisses ? ‘’, il s’agit
d’une image un peu plus optimiste, un personnage qui s’envole, toujours avec un
petit côté un peu ambigu, selon les propos de Bruce Clarke. Il faut dire que,
‘’ Réalités lisses ?’’ est
juste la partie visible de
l'iceberg du gros projet « Les fantômes de la mer » entamé par Bruce Clarke. A
travers ‘’ Réalités lisses ?’’,
l’artiste évoque les faits empiriques du monde contemporain avec un petit
détour sur les histoires qu’on raconte.
A en croire, Bruce Clarke, C’est en
fait, une manière de considérer que tout
est lisse sans problèmes même si on vit dans un monde
très complexe.
Une exposition à priori-réussie
!
Au regard de
la densité des œuvres en création au Complexe culturel ‘’Le Centre-Bénin’’ de Lobozounkpa, le risque peut-être désormais
pris, sans ambages, pour confirmer une exposition à priori- réussie. Le trio en
résidence de création, au-delà des fresques, s’attèlent au niveau de leurs
ateliers respectifs pour laisser pantois tous les invités face à leurs œuvres
lors de la soirée du vernissage de
l’exposition le 30 octobre prochain. Pour
un avant-goût, Bruce Clarke aborde un travail assez original sur des tableaux
châssis. Il s’agit pour lui, de planter le décor du gros projet, « Les fantômes
de la mer ». Ces tableaux évoquent les
disparus de la mer, ceux qui essayent de traverser la mer, pour un meilleur
avenir en Europe. Pour ce militant engagé, il questionne sur la gravité de cette crise et
pense qu’il faut désormais démystifier
et démonter cette barrière un peu abominable.
Christelle Yaovi s’inscrit dans une continuation du travail qu’elle a
commencé. « Je suis à une étape d’acceptation totale de mon héritage, que
j’ai voulu mettre en tableau à travers
cette rencontre », a-t-elle placé. Le français, Stéphane Pencréac’h fait un travail de peinture en suivant une idée
banale, qu’il avait très longtemps. Il a
acheté des pagnes ou tissus imprimés qu’il a toujours trouvé très bel
évidemment, et de s’en servir comme une toile pour peintre, en utilisant les
motifs qu’il avait choisi mais qui sont tous différents. S’inscrivant
toujours dans sa quête de
s’intéresser à l’humanité, il utilise ce médium pour la première fois.
Par Rodéric DEDEGNONHOU, Journaliste
à l’Agence Bénin Presse (ABP)
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