jeudi 17 février 2022

Entretien avec Dominique Zinkpè au sujet du projet d’exposition ‘’Emblèmes’’: << L’idée force de ce projet est d’essayer de traduire chaque emblème du roi à l’écriture plastique de chaque artiste… »

En marge des festivités marquant l’exposition  ‘’ Art du Benin d’hier et d’aujourd’huiDe la restitution à la révélation’’, plusieurs  projets artistiques et culturels sont initiés hors-les-murs du Palais Présidentiel du Bénin. Au nombre de ceux-ci, figure en bonne place,  l’exposition collective ‘’ Emblèmes’’ au Centre ‘’Lieu-Unik’’ d’Abomey. 
Mobilisant douze (12) créateurs contemporains du Bénin, cette exposition puise son essence au tréfonds des emblèmes des douze(12) rois des palais royaux d’Abomey. A travers cet  entretien, Dominique Zinkpè, dévoile ici, la quintessence ce projet.

 

 Quelle est la philosophie sous-tend cette nouvelle exposition que vous initiez et qui est intitulée ’’Emblèmes’’ ?

Dominique Zinkpè : Cette exposition tente de répondre au retour de nos biens culturels du Bénin, c’est -à-dire que nous sommes heureux que le gouvernement béninois ait récupéré vingt-six des œuvres de nos aïeux  et, en ce moment, il est prévu, plutôt, une bonne fête, une exposition des œuvres anciennes, en confrontation avec les œuvres des artistes contemporains et, tout ceci se passera au palais de la présidence de la République du Bénin.

Je pense que l’idée nous a motivés, au Centre, le ’’Lieu-Unik’’ d’Abomey, à ne pas être indifférents à cet événement inédit et, d’ailleurs, on sait très bien qu’Abomey, c’est la cité historique du Bénin. Nous ne pouvions pas y rester indifférents puisque les activités que nous menons habituellement tournent aussi autour de l’art contemporain, en priorité.

Alors un groupe d’artistes et moi-même, nous avons décidé de réaliser des œuvres pour honorer nos rois qui ont travaillé auparavant et qui nous donnent encore la chance de récupérer leurs vestiges.

Donc, l’idée a son sens parce que, pour nos 12 rois connus, 12 artistes contemporains se sont prêtés à ce jeu de travailler spécialement en observant les emblèmes de chaque roi du Danxomè pour essayer de les traduire par rapport à leur écriture plastique à travers la peinture, la sculpture et le dessin, entre autres. Ce que nous imaginons de partager avec le public d’ici et d’ailleurs.

Ce qui est intéressant, dans ce projet, c’est qu’il est rare que les artistes plasticiens se penchent sur leur patrimoine. Et, cette occasion du retour de nos biens culturels nous réveille pour qu’on se dise : « C’est notre puits de pétrole ». On peut bien continuer à l’exploiter mais, en bien, pour essayer de le mettre en abyme afin de lui donner une nouvelle visibilité et aussi de continuer à célébrer les artistes qui ont travaillé sur les emblèmes des rois, auparavant.  

Notre rôle est de réussir à le dire parce que ces artistes l’ont fait, il y a de cela trois cents ans, et, aujourd’hui, c’est comment nous voyons nos rois, comment nous imaginons l’essence de l’organisation d’un royaume, comment ils ont officié, avec leurs ministres, en ce temps, comment ils arrivaient à acquérir des terres, etc. C’est leur lutte qui fait que nous avons des villes comme Abomey, Kétou, Porto Novo, …

Cette exposition nous ramène à la raison, nous permet de savoir que nous avons de la valeur autour de nous, et de nous interroger sur comment la traduire et partager cela avec la population, avec notre environnement immédiat.


Vous avez quelque peu abordé la question mais pouvez-vous revenir sur les médiums empruntés par les artistes participant à l’exposition ?

Chaque artiste qui a accepté de participer au projet a développé ses techniques habituelles. Nous avons, par exemple, Marcel Nangbé qui est en tête d’affiche ; il a fait des œuvres murales, des sculptures. Carlos Sodokpa, lui, a exercé dans la photographie. Michel Taïwo a développé ses techniques picturales. Edouard et Elise Tokoudagba ont baigné dans cette tradition d’Abomey. Un artiste majeur comme un ainé, Gratien Zossou, s’est aussi prêté au jeu.

C’est cet ensemble qui fait l’exposition parce que ce ne sont pas des œuvres individuelles. La manière dont cela est organisé, c’est la succession des rois qui fait l’ensemble des emblèmes.  Donc, c’est la succession des œuvres, selon la scénographie qu’on va prêter, qui doit faire une œuvre d’ensemble, qui englobe les 12 artistes.

 

Comment se fera la jonction entre votre initiative d’exposition et celle qu’organise le gouvernement béninois à la présidence de la République du Bénin ?

Notre gouvernement, à travers le ministère de la Culture, est heureux de voir que les acteurs culturels indépendants que nous sommes, disposant d’un espace, essayent quand même de répondre et d’accompagner son énergie.

Evidemment, ce sera un parcours, à mon avis, parce qu’après le palais présidentiel,  la ville de Ouidah sera visitée avec un autre projet, à Toho, sans oublier que Porto Novo sera au rendez-vous avec un projet important de Rafiy Smith.

Même l’ ’’Espace Tchif’’, à Cotonou, et, enfin, le ’’Lieu-Unik’’ d’Abomey donnent rendez-vous au public. Et, cela, c’est une organisation d’ensemble avec le ministère de la culture pour réussir à faire un parcours pour des visiteurs pendant cette période festive autour des œuvres de nos aïeux et, aussi, pour célébrer les artistes contemporains actifs.

Propos recueillis par Rodéric Dèdègnonhou

 

Entretien avec Dominique Zinkpè au sujet du projet d’exposition ‘’Emblèmes’’: << L’idée force de ce projet est d’essayer de traduire chaque emblème du roi à l’écriture plastique de chaque artiste… »

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