mardi 21 décembre 2021

Entretien avec Sébastien Boko : « Je sculpte l’esprit de ‘’Egougou’’ non le physique »

En pleine progression dans le domaine de l’art contemporain au Bénin, ces cinq(05) dernières années, à traverses ses magnifiques sculptures (Bois ou Métal), le jeune et dynamique sculpteur, Sébastien Boko s’est ouvert aux publics,  du 10  au 19 décembre dernier.  Et ceci, par le biais des journées portes-ouvertes dont les objectifs sont largement atteints selon l’artiste contemporain. Il revient ici sur bilan de cette nouvelle aventure où les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Entretien.




Quel bilan  pouvons-nous retenir de l’acte2, en ce qui concerne ces journées portes-ouvertes ?

« Aujourd’hui,  je peux dire que j’ai  bien fait de penser que c’était possible et que c’était bien. Parce que, non seulement, j’ai eu des visiteurs. Des gens qui sont impressionnés par le travail et qui se posent énormément  de questions pour comprendre, pourquoi, celui-là a des masques ? Pourquoi ce chapeau ? Pourquoi ça ? Ils se reconnaissent même par certaines sculptures. Pour moi, mon objectif est complètement atteint à tous les niveaux. L’autre défi est de porter plus loin cet objectif pour les prochaines fois. J’ai eu beaucoup de visiteurs. J’ai eu beaucoup d’acheteurs. J’ai eu beaucoup de curieux,  qui veulent comprendre ce qui se passe. Je pense qu’il s’agit d’une bonne idée à perpétuer. Je suis très heureux, le fait d’accueillir tout ce monde qui a nourrit ma démarche. Les visiteurs ont posé de questions sensibles sur ce que je fais. Il faut dire tout ça m’a permis d’atteindre mon objectif,  surtout que,  j’ai sorti tout ce qui est à l’intérieur de moi physiquement,  et à l’extérieur,  à travers ce que j’ai réalisé ces dernières années.  En le faisant,  un vide s’est installé en moi  afin de pouvoir créer d’autres œuvres fortes, plus concrètes les prochaines années. Tout cela constitue également les objectifs spécifiques de ces journées portes-ouvertes.  C’était aussi une occasion pour moi de sensibiliser sur l’art. Nous avons de personnes qui ne savent pas ce qu’on appelle l’art au Bénin, mais qui ont de l’argent, du respect pour la production locale. Il faut faire pour ceux-là, le tourisme domestique afin de les emmener vers ce que nous faisons. Ceci va nous permettre de vivre en tant qu’artiste, de ne pas attendre que d’autres personnes fassent tout à notre place. Il y a des gens qui font des choses que nous artistes nous  ne pouvons jamais faire, parce que c’est leur spécialité. Parce que c’est leur job. Et nous allons juste les accompagner en organisant ces journées portes- ouvertes, en sensibilisant la population proche, en éduquant  les petits et grands sur l’art, précisément, l’art plastique , notamment, la sculpture . Voilà un peu les objectifs et la vision  dans lesquels j’ai organisé ces journées portes ouvertes.  Je pense qu’il s’agit d’une idée que tous les artistes doivent adopter pour impacter leur environnement, et pour avoir de clients potentiels béninois. Ces derniers pourront acheter nos œuvres à la maison et montrer à leurs enfants. Lorsque ces enfants comprendront que c’est de l’art que leur  père a acheté pour décorer leur maison, ils seront stimulés à faire de même pour leur environnement. »

 

Qu’est-ce que Boko a présenté concrètement au public lors de ces journées ?

«  Je pense que des gens ont vu de choses qu’ils n’ont jamais vu. Il y a des choses qui leur parlent directement. Par exemple, les masques ‘’Egougou’’.  Le concept de ce masque est que le physique meurt pour laisser place à l’esprit  qui vient danser. J’ai pris conscience de cette réalité au moment où j’ai commencé par représenter cette série de masques ‘’Egougou’’. Du coup, je sculpte l’esprit de ‘’Egougou’’ non le physique. Il faut dire que ça impressionne la population locale.  Quand celle-ci voit une œuvre totalement abstraite, qui n’a ni tête, ni pied, ni rien,  elle  dit  que ça c’est du ‘’Egougou’’.  Quand le public voit la série 2020,  plusieurs têtes avec des masques différents, il  se pose beaucoup de questions. Mais je leur explique qu’avant l’arrivée de la Covid-19,  il y avait tellement de choses qui nous étouffaient, et nous même,  nous mettons des masques entre nous pour ne pas dévoiler ce que nous sommes en réalité. Nous avons en face un public béninois qui s’intéresse à l’achat de l’art. Pour moi, c’est surprenant,  et je pense que nous devons réfléchir  dans ce sens en tant qu’artiste. Parce que la covid-19 m’a empêché de faire une exposition cette année à l’extérieur. J’ai travaillé sur du bois, le métal, comme d’habitude.  Je suis resté fidèle à moi-même et je pense qu’il y aura du lourd l’année prochaine.  »

Propos recueillis par  Rodéric DEDEGNONHOU, Journaliste à l’Agence Bénin Presse

 

 

 

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