En pleine progression dans le domaine de l’art contemporain au Bénin, ces cinq(05) dernières années, à traverses ses magnifiques sculptures (Bois ou Métal), le jeune et dynamique sculpteur, Sébastien Boko s’est ouvert aux publics, du 10 au 19 décembre dernier. Et ceci, par le biais des journées portes-ouvertes dont les objectifs sont largement atteints selon l’artiste contemporain. Il revient ici sur bilan de cette nouvelle aventure où les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Entretien.
Quel bilan pouvons-nous retenir de l’acte2, en ce qui
concerne ces journées portes-ouvertes ?
« Aujourd’hui, je peux dire que j’ai bien fait de penser que c’était possible et
que c’était bien. Parce que, non seulement, j’ai eu des visiteurs. Des gens qui
sont impressionnés par le travail et qui se posent énormément de questions pour comprendre, pourquoi, celui-là
a des masques ? Pourquoi ce chapeau ? Pourquoi ça ? Ils se
reconnaissent même par certaines sculptures. Pour moi, mon objectif est
complètement atteint à tous les niveaux. L’autre défi est de porter plus loin
cet objectif pour les prochaines fois. J’ai eu beaucoup de visiteurs. J’ai eu
beaucoup d’acheteurs. J’ai eu beaucoup de curieux, qui veulent comprendre ce qui se passe. Je
pense qu’il s’agit d’une bonne idée à perpétuer. Je suis très heureux, le fait
d’accueillir tout ce monde qui a nourrit ma démarche. Les visiteurs ont posé de
questions sensibles sur ce que je fais. Il faut dire tout ça m’a permis d’atteindre
mon objectif, surtout que, j’ai sorti tout ce qui est à l’intérieur de
moi physiquement, et à l’extérieur, à travers ce que j’ai réalisé ces dernières
années. En le faisant, un vide s’est installé en moi afin de pouvoir créer d’autres œuvres fortes,
plus concrètes les prochaines années. Tout cela constitue également les
objectifs spécifiques de ces journées portes-ouvertes. C’était aussi une occasion pour moi de
sensibiliser sur l’art. Nous avons de personnes qui ne savent pas ce qu’on
appelle l’art au Bénin, mais qui ont de l’argent, du respect pour la production
locale. Il faut faire pour ceux-là, le tourisme domestique afin de les emmener
vers ce que nous faisons. Ceci va nous permettre de vivre en tant qu’artiste, de
ne pas attendre que d’autres personnes fassent tout à notre place. Il y a des
gens qui font des choses que nous artistes nous
ne pouvons jamais faire, parce que c’est leur spécialité. Parce que c’est
leur job. Et nous allons juste les accompagner en organisant ces journées portes-
ouvertes, en sensibilisant la population proche, en éduquant les petits et grands sur l’art, précisément, l’art
plastique , notamment, la sculpture . Voilà un peu les objectifs et la
vision dans lesquels j’ai organisé ces
journées portes ouvertes. Je pense qu’il
s’agit d’une idée que tous les artistes doivent adopter pour impacter leur environnement,
et pour avoir de clients potentiels béninois. Ces derniers pourront acheter nos
œuvres à la maison et montrer à leurs enfants. Lorsque ces enfants comprendront
que c’est de l’art que leur père a
acheté pour décorer leur maison, ils seront stimulés à faire de même pour leur
environnement. »
Qu’est-ce que Boko a
présenté concrètement au public lors de ces journées ?
« Je pense que des gens ont vu de choses qu’ils n’ont
jamais vu. Il y a des choses qui leur parlent directement. Par exemple, les
masques ‘’Egougou’’. Le concept de ce
masque est que le physique meurt pour laisser place à l’esprit qui vient danser. J’ai pris conscience de
cette réalité au moment où j’ai commencé par représenter cette série de masques
‘’Egougou’’. Du coup, je sculpte l’esprit de ‘’Egougou’’ non le physique. Il faut
dire que ça impressionne la population locale. Quand celle-ci voit une œuvre totalement
abstraite, qui n’a ni tête, ni pied, ni rien,
elle dit que ça c’est du ‘’Egougou’’. Quand le public voit la série 2020, plusieurs têtes avec des masques différents,
il se pose beaucoup de questions. Mais
je leur explique qu’avant l’arrivée de la Covid-19, il y avait tellement de choses qui nous étouffaient,
et nous même, nous mettons des masques entre
nous pour ne pas dévoiler ce que nous sommes en réalité. Nous avons en face un public
béninois qui s’intéresse à l’achat de l’art. Pour moi, c’est surprenant, et je pense que nous devons réfléchir dans ce sens en tant qu’artiste. Parce que la
covid-19 m’a empêché de faire une exposition cette année à l’extérieur. J’ai
travaillé sur du bois, le métal, comme d’habitude. Je suis resté fidèle à moi-même et je pense
qu’il y aura du lourd l’année prochaine. »
Propos recueillis par Rodéric DEDEGNONHOU, Journaliste à l’Agence Bénin Presse